06/03/2016
Classe hétérogène
Nous étions dans la même classe et pourtant nous étions séparés, par une cloison poreuse. Aux premier rang, sur la droite, il y avait notre bande. Sur la gauche des filles en parallèle. Plus on allait vers le fond, plus on trouvait les plus proches de l'école. Je veux dire, ceux et celle qui habitaient les tours de la Cité HLM. Ceux et celles dont les parents étaient au chômage ou ouvriers, femmes de ménages, etc. Ils y arrivaient moins bien. Moi aussi j'habitais en HLM, ailleurs, rue Messidou. Et ma mère suivait des études d'assistante sociale. Et je ressentais un peu un malaise. Je me sentais un peu entre deux, même si je faisais partie de la bande. Au fond de moi je ne vivais pas bien cette séparation de classes au sein de la classe. Des fois ce n'était pas simple. Comme quand des élève en difficulté avaient gâché une séance cinéma à coups de cris, et qu'ils s'étaient fait bastonner par la suite dans la classe par notre maître pourtant éclairé - qui s'était défoulé ? Il les avaient pris à l'écart, on entendait les cris de l'extérieur... C'était dur. Ou quand la caisse commune dans le placard fermé à clé avait été dérobée par intrusion une nuit : on se doutait des grands frères. Ou quand on avait vu les grands frères drogués à la colle dans un parc avec un de la classe. Certains étaient battus en classe comme à la maison, aussi. Il se trouva une fois, comme j'étais hésitant, que je souhaitais me lier d'amitié avec eux aussi, qu'un de ces élèves récalcitrant m'appela par mon nom en accentuant la dernière syllabe, et fut repris par les autres. Je pleurai alors. Mes copains me défendirent bien, mais je me sentais coincé, et aussi un peu humilié. Quand on jouait aux billes, au moins il n'y avait plus de barrière. Comme quand on faisait du skate, quand c'était la mode à l'école un temps. Ou quand on jouait sur les jeux conçus par un architecte original ami de mes parents. Là on était plus ensemble. A la marelle on jouait entre nous. La fois où le maître avait fait les post-élections dans la classe, chaque élève avait voté comme ses parents. Marchais faisait un bon score. On savait d'où ça venait. Je crois que Coluche avait jeté l'éponge sous la pression, il était absent des candidats au tableau je crois. A moins qu'il ait obtenu un bon score aussi, ma mémoire me joue des tours. Huguette c'était pas mal quand même. Le Pen avait obtenu zéro suffrage il me semble. Normal, quoi. Le cours d'éducation sexuelle j'y avais pas capté grand chose par contre. C'était venu à la suite de zobs retrouvés dessinés au talbeau - toujours par les mêmes. Une fois, le maître était malade. Une remplaçante nous avait proposé d'écrire un poème. Je m'étais essayé en rimes. Elle était venue et s'était penchée derrière mon épaule. Elle m'avait encouragé.
07:39 Publié dans historiettes | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
A chacun son histoire dans la vie, les tiennes sont très touchantes !
Écrit par : Dania | 11/03/2016
Merci mon amour.
J'aime écouter les tiennes elles me touchent aussi très beaucoup.
Écrit par : Kelig | 12/03/2016
Enfin je t'ai trouvé , merci mon Dieu !
Écrit par : Dania | 12/03/2016
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