22/05/2015
Trente courts poèmes de Julio C. Palencia (traduits en français par Laurent Bouisset)
Le pessimisme
n'est pas une option pour les pays pauvres.
un grand nombre de choses sont à faire ;
nous pouvons et devons les faire nous-mêmes.
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Personne ne s'habitue à vivre à genoux.
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Le tortueux et la souffrance
ont depuis des années perdu leur auréole.
L'existence peut et doit être réjouissante.
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Si tu ne vois pas bien, mets des lunettes
ou quitte tes œillères :
ne t'accoutume pas à la faim,
ne consens pas au cauchemar.
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Le négoce consistant à gouverner mal un pays
peut aussi rapporter beaucoup.
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N'oublie pas au bureau de vote
qui fut ton bourreau dans l'histoire.
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La légalité au Guatemala
a été de nombreuses années illégale
et délinquante.
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Le premier monde,
civilisé et démocratique, pour eux,
bien sûr.
Obscurité et bâton pour les autres.
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Un sentiment larvé d'infériorité
tire notre portrait dans un paysage kafkaïen.
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Ne cherche pas la confirmation de tes idées,
cherche l'erreur.
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Ne t'en va pas écrire dix lignes
quand ta pensée tient en un vers ou deux.
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Tout n'est pas à vomir ici,
tout reste entièrement possible,
y compris des miracles très humains
et des merveilles quotidiennes.
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J'alimente mes doutes,
je les polis,
je les célèbre ;
la certitude, après m'avoir détruit,
ferait de moi un mort-vivant.
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Je me vis soudain nu devant la mort
qui m'invitait à vivre.
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J'ai la pleine conviction que quelque part
fleurissent nos rêves.
Malheureusement pour nous, c'est pas ici.
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On me demande si c'est beau, le Guatemala.
Toute géographie s'épuise, s'éreinte et même
s'anéantit, quand un être humain est soumis,
quand un enfant, sous nos yeux, meurt de faim.
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Le mendiant de la rue principale
demande de l'argent avec un geste de mépris.
Dans son égout
il sait que son présent
peut aussi être notre futur.
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Mon grand-père mourut âgé
et debout.
Il ne fut pas seulement un homme,
il eut la permanence d'un arbre
et la ténacité de ses racines.
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A quoi bon se sauver tout seul ?
Si l'on peut demeurer, c'est de manière groupée, ensemble.
Si le salut nous rattrape,
qu'il soit communautaire.
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Mon paradis est toujours collectif.
Mon humanité requiert les autres.
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Si le mot nous n'a pas de sens,
qu'est-ce que nous faisons toi, elle, lui et moi ici ?
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Nous autres humains, nous limitons
dramatiquement l'idée de dieu
avec notre pauvre imagination.
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Si dans l'imagination tu n'es pas libre,
alors il n'y a plus rien à faire.
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Autel aux morts :
Guillermo Palencia,
Rosa Palencia,
Fermín Reyes,
Alejandro Cotí
et des milliers de patriotes
victimes de l'état répressif.
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Le tortionnaire de tous les bords
est vomi par la terre,
est rejeté,
il n'arrive même pas aux vers.
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Le génocide, bien sarcastique, demande
que lui soient démontré ses crimes :
ils ne parlent pas assez fort, assez clair,
les morts et leurs ossements nus.
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Rien n'est jamais totalement perdu,
bien qu'il y ait des moments,
aujourd'hui par exemple,
où ça paraît quand même possible.
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Le passé à l'image du futur est à venir.
Rien n'est écrit pour toujours,
le passé aussi change.
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Même trempé de pluie,
le soleil sort la tête
et se réjouit
du nombre de vendredis devant lui.
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Nous avons la bénédiction en bouche
comme si nous étions à deux pas de l'enfer.
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