La banque du sperme
18/10/2015
Je rentrais d'une soirée chez des amis. C'était sympathique, mais j'avais le moral en dents de scie élimée. Je sortais d'une liaison qui avait échoué, comme d'habitude. Mes projections vers les temps à venir une nouvelle fois réduites à peau de chagrin. Ma foi. C'était la fin de l'été. On verrait bien ! Sur le chemin, au retour de la place Cadenat, j'abordais la Friche en vue de m'orienter vers le sombre tunnel qui sépare le quartier de la Belle de Mai de l'autre de la ville. Au-dessus circulent les voies des trains. Il faisait sombre et pas de monde, quelques bagnoles, minuit et des poussières, l'endroit n'est pas très rassurant, voire ça craint des fois, plus pour les femmes mais pas seulement.
C'est à cet endroit qu'une voix héla par derrière en biais. Je continuais dans mes pensées. La voix répéta, je me retournai alors et regardai en direction. Une femme dans une caisse m'interpellait.
- Pardon monsieur, vous savez pas où est … ?
Je captais que dalle. Qu'est-ce que c'était que ce barragoin.
- Pardon ? Répondis-je en automate.
- Vous savez où se trouve la banque du sperme ?
En fait elles étaient quatre dans la tuture.
- Heu, non. Répondis-je toujours en automatique. La question commençait quand même à s'insinuer dans mon dur d'oreille et à le détendre.
- Ah ouais, vous êtes sûr ? Parce que nous on cherche la banque du sperme.
- Ah désolé, je sais pas où elle est. Répondis-je en souriant mais sans répartie. Je faisais évidemment la liaison avec la banque à thunes, mais aussi la banque de prêt, en langage de bibliothèque. J'arrivais pas à mesurer l'énormité de the question.
Ca dura encore trente secondes peut-être de dialogue loufoque. Et puis elle me dit : « Tant pis ! » Et de démarrer sans crier gare en me souhaitant fort bonne soirée ! S'esclaffant de concert de leur bon tour.
J'avais bien capté maintenant que c'était parti. A la réflexion, c'était fort rigolo, je me dis : mais bon sang, pourquoi elles m'ont fait cette blague ? Sérieux, quoi. Histoire de tester, de brancher, de se marrer, les chipies. J'aurais pu leur demander qu'elles me déposent à la fin du tunnel. En même temps je n'avais pas le désir, et puis marcher me faisait du bien.
3 commentaires
Bravo, c'était le début d'une nouvelle...
Vie
Oui mon Ndolo
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